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L'incinérateur

Un front commun
contre l’incinérateur géant à Obourg





I. - L’accouchement de ce projet et son contexte politique

Les rétroactes avec des éléments objectifs : (avec références et traces écrites)

  1. Le projet de révision du Plan wallon des déchets, (au départ du cabinet de Foret) depuis l’automne 2002, fait l’objet de discussions/négociations marathons particulièrement laborieuses en inter-cabinets avec consultation/interférences des intercommunales concernées. Projet élaboré à partir de l’étude stratégique IBH-CADET, qui propose l’implantation d’un incinérateur sur le territoire de Ciney. Ce dossier épineux fait couler beaucoup d’encre. Il défraye la chronique avec revendications et prises de position multiples (et radicales) dans les médias. Nous pouvons épingler notamment parmi les articles de presse : Le projet

  2. Décision du gouvernement wallon le 17 juillet de réorienter de façon globale la politique des déchets en Région wallonne. La volonté ECOLO et PS d’interdire la mise en décharge s’est opposée la logique libérale de privatisation maximale. Les négociations furent longues et laborieuses pour trouver un compromis car
    « tant qu’il n’y a pas accord sur tout, il n’y a accord sur rien ».
    Priorité à la prévention, collecte sélective, bio méthanisation, compostage, limitation de la mise en décharge, fermeture définitive du four n°1 de l’incinérateur de Pont-de-Loup
    et mise en place d’une unité de valorisation énergétique au Parc Environnemental Mons-Hainaut (PEMH), projet thermique à lit fluidisé, semi-public, semi privé), dans le cadre de l’Objectif 1. Abandon de la thermolyse.
    (communiqué de presse de FORET du 17-11-03, et interview de FORET dans le SOIR le 30-12-03
    « nous n’avons pas voulu trancher dans la querelle d’école entre le tenants de l’incinération,
    de la mise en décharge ou de la bioméhanisation.
    La Wallonie proposera ce qui se fait de mieux dans les trois domaines. » )

    Remarque : Il ne s’agit pas d’un décret voté au Parlement wallon # décret du 16-10-03 sur la mise en CET
  3. Décret du Parlement wallon le 16 octobre publié au Moniteur du 23 octobre concerne uniquement la mise en décharge et aménagement de certains C.E.T.
  4. Conférence de presse d’ITRADEC avec écho le 15 novembre dans les quotidiens :
    « A plus long terme (sans doute 2008), ITRADEC accueillera sur son « parc environnemental » d’Obourg un four à lit fluidisé –autrement dit un incinérateur- destiné à brûler les déchets d’autres zones (région de Charleroi) et, surtout, les déchets industriels et les boues d’épuration.
    Un investissement colossal (150 millions d’euros) largement soutenu par la Région wallonne et l’Union européenne. » « La Province » du 15-11-03

    «Par ailleurs, ITRADEC portera le projet d’unité de valorisation énergétique (un four à lit fluidisé) promis dans le parc environnemental d’Obourg pour y traiter annuellement 200.000 tonnes d’industriels banaux, une partie du fluff excédentaire d’ITRADEC et des boues d‘épuration.
    La phase 1 de cet investissement chiffré à 150 millions d’euros portera sur 24 millions (dont 19 sont subsidiés via le phasing out).
    Le gouvernement wallon est appelé à se positionner le 3 décembre sur le dossier. » « Le Soir » du 15-11-03
  5. Le plan stratégique présenté par ITRADEC à son assemblée générale de décembre confirme la décision de son conseil d’administration en date du 14 novembre d’assurer le développement d’une Unité de Valorisation Energétique.
  6. Le Gouvernement wallon approuve en première lecture le 10 décembre :
    « soutien à la mise en place d’une Unité de Valorisation Energétique au Parc environnemental Mons Hainaut dans le cadre de l’objectif 1, pour assurer la valorisation des déchets industriels banals et d’une partie des déchets ménagers résiduels du Hainaut à terme ».
    Donc, confirmation de la déclaration d’intention, mais sans aucune autre précision, alors que l’U.V.E. ne figure pas sur la liste fermée et exhaustive de subsides destinés aux intercommunales de déchets : bizarre ??

    Il ne s'agit plus de répondre à un besoin bien défini (dans un Plan des déchets) mais de réaliser une opération de développement industriel. Or, en général les installations de traitement des déchets sont toujours imposées par la nécessité, elles répondent à une nécessité et elles ont une utilité. Les déchets destinés à cet incinérateur ne font pas partie d’une planification sérieuse. Il est donc probable que cette usine sera alimentée de déchets importés.

    La réalisation de ce projet implique un élément essentiel, à savoir la participation financière du privé dans un énorme investissement pour lequel les risques sont réels,
    sauf si l’approvisionnement est assuré par l’industrie via les D.I.B. importés => Obourg poubelle de l’Europe.

    Il faut être conscient que la production de déchets ménagers est en baisse significative. Voir ITRADEC.
    En toile de fond hypothèse de modification des statuts d’ITRADEC vers une intercommunale mixte ?

La transparence n’est pas la qualité dominante de ce dossier.

II. - Quels sont les acteurs de ce projet, avec quel budget ?
Qui fait quoi, combien ça coûte ? ? ?

Le P.E.M.H. (site Internet www.pemh.be), c’est un espace industriel (22 ha) situé à Obourg, entièrement réservé au secteur de l’environnement.

SOTRADIA est une joint-venture entre ECOTECH FINANCE s.a. (filiale spécifique au domaine de l’environnement de la SRIW) et WATCO.

Le budget prévu pour cet investissement est de 150 millions €, soit 6 milliards de francs.
SOTRADIA intervenant pour la moitié, la Région wallonne, l’Objectif 1, etc...….pour le solde

III. Quelles matières va-t-on valoriser ? pour brûler quoi ? ? ?

Dans la pratique, il s’agit d’indications très vagues et suffisamment floues qui pourront être adaptées en fonction des circonstances du moment.
On ouvre la porte à un large éventail de déchets, donc une grande souplesse d'utilisation.
En clair on brûlera n’importe quoi lorsque l’autorisation aura été délivrée. Surtout on crée une structure d’appel aux déchets notamment étrangers et ainsi ouvre la porte à l’importation de déchets => Obourg poubelle de l’Europe ?
Quand on ne maîtrise pas les matières qui entrent, comment savoir ce qui sort par la cheminée.

IV. Quelle technologie ?
C’est quoi ce machin ? ? ?

Il existe actuellement des incinérateurs de déchets en service en Wallonie, ce sont des fours à grille, comme à Thumaide (IPALLE), Pont de Loup (ICDI)
La technique du lit fluidisé, plus récente, a été mise au point pour brûler du charbon pulvérulent.
Le principe de la technique dite du " lit fluidisé " est d'effectuer la combustion des produits solides (sous forme de poudre) dans un lit de matériaux inertes mis en suspension par une injection d'air chaud. Il s'agit, le plus souvent, d'un mélange de sable auquel on ajoute une petite fraction de combustible (5%) qui forme la base du " lit ". Il est appelé ‘‘fluidisé’’ parce que l'ensemble est rendu fluide par injection d’air.
Depuis quelques années on a essayé de l’adapter au traitement des déchets ménagers, en remplacent le charbon par des déchets à faible pouvoir calorifique, mais on a rencontré de nombreuses difficultés.
Le lit fluidisé fonctionne à basse température (650° à 800°) alors que l’on nous a largement vanté les mérites des très hautes températures des fours de cimenterie : 2.000° dans la flamme au capot de chauffe.
Il existe cinq unités de ce type en France dont la construction a débuté entre 1995 et 1997. A GUERVILLE (Mantes), DOULLENS, MONTHYON, GIEN et SAUSHEIM (Mulhouse)

IV. Quelle expérience de cette technologie ?
L’avis des experts.

L’ADEME, Agence De l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie (France) a subsidié de tels projets en France, et devant le bilan de ces opérations elle se montre très critique.
Extraits des conclusions du rapport ADEME en mars 2002 : (le rapport complet)
« L’analyse des unités françaises d’incinération de déchets ménagers en lit fluidisé n’a qu’en partie confirmé les avantages initialement mis en avant par rapport à l’incinération classique avec four à grille.
Il s'avère que de nombreux dysfonctionnements sont liés à la qualité du déchet incinéré. En effet, les DIB et encombrants perturbent les chaînes de broyage, quant aux métaux ils créent des défluidisations du lit de sable dans la zone de combustion provoquant l’arrêt des fours. »
« …..ces cinq unités sont plus apparues comme cinq prototypes que cinq process confirmés.»………….
« Par rapport aux coûts annoncés initialement, on peut estimer les surcoûts d’investissements entre 15 et 45 %...... »

Plus près de chez nous, l’expérience désastreuse de tentative de chauffage des tours SORELOBO à Ghlin,
dans les années 70, avec les déchets préparés à l’I.S.P.H. s’est soldée par un échec.

conclusion : six milliards dans une aventure incertaine ?

V. Pourquoi agir maintenant

Notre but premier est d’informer la population en amont de l’étude d’incidences, parce que l’expérience nous a malheureusement appris que cette dernière relève de la supercherie.
Nous sommes fatigués de servir de cobayes pour des expériences pilotes, par exemple ITRADEC,
mais également le procédé mild-kiln pour le fluff aux ciments d’Obourg, dont on nous avait vanté les merveilles, expériences U.S.A. et Canada à l’appui. Là aussi cela avait été mis au point pour un autre combustible : les pneus usés.
Il est clair que cette technologie du lit fluidisé n’est pas maîtrisée pour la combustion de déchets.
Il est utile que les investisseurs sachent qu’ils rencontreront l’hostilité de la population

VI. La santé des riverains ? est le cadet des soucis de nos mandataires politiques ?

Le respect des normes n’est pas une garantie du respect de la santé. Et alors que les pouvoirs publics sont prêts à investir des sommes importantes dans la construction d’un incinérateur géant, ils n’ont jamais trouvé d’argent à consacrer à une étude épidémiologique sérieuse de la santé de la population riveraine.

Pourtant « le tableau de bord » publié par l’Observatoire de Santé du Hainaut n’est pas rassurant sur l’état sanitaire des Hennuyers. Evidemment aucun riverain ne va tomber raide mort à cause de l’émission de fumées à la sortie de la cheminée de cette unité de valorisation énergétique.
Mais les très faibles quantités de produits toxiques émises dans l’environnement risquent d’entraîner, à long terme, des conséquences néfastes sur la santé de la population. Il n’est pas possible d’avoir une approche individuelle de ces effets, qui ne sont décelables que de façon statistique.

Pour évaluer correctement la relation qui existe entre la dose reçue et l’effet provoqué à long terme sur la santé, il faut observer une population nombreuse pendant un temps très long. Il faut de plus une population bien connue au point de vue médical, et il faut également posséder une information correcte sur la dispersion des polluants dans l’environnement. Mais rien n’est prévu pour un tel travail, pourtant d’intérêt public indéniable.

Le combat que nous menons contre ce projet s’inscrit dans un contexte qui explique la détermination des riverains. Ce contexte, c’est l’accumulation des nuisances qui s’abattent sur Obourg et environs depuis une dizaine d’années.

Les habitants d’Obourg avaient pourtant fait preuve de bonne volonté en acceptant de négocier avec les cimenteries la cession de la rue des Bruyères. Ils n’en ont pas été récompensés puisqu’à présent on leur prépare le stockage des boues de dragage et l’installation d’un incinérateur.

En attendant peut-être la cerise sur le gâteau : l’installation de DHL (et d’autres ensuite ?) à Chièvres, où un décollage nocturne serait prévu, à terme, toutes les 40 secondes… Chièvres a beau être à une vingtaine de km : un cargo ne décolle pas à la verticale comme un hélicoptère ! Aujourd’hui déjà, qui n’a pas l’occasion de voir régulièrement un avion de Ryanair passer à basse altitude au-dessus de sa maison, en provenance ou à destination de Gosselies ?

Nos Comités s’insurgent donc contre les nouvelles nuisances qu’on leur prépare.
Ils préviennent les autorités politiques qu’ils n’accepteront plus qu’au nom d’un hypothétique emploi, la Wallonie (et plus particulièrement notre région) soit submergée par les nuisances de tous ordres.
Depuis quelques années en effet, l’emploi proposé à la Wallonie est toujours lié à des nuisances sans cesse grandissantes. Si nos mandataires politiques n’ont pas d’autres projets, pas d’autre vision de l’avenir, qu’ils laissent la place à d’autres, avant que ce pays, le plus dense d’Europe avec les Pays-Bas, ne devienne proprement invivable.
En un mot comme en cent : on en a marre, et on va le faire savoir « urbi et orbi » !

    Ce document fait réference à plusieurs sources dont voici les origines
  1. planning extrait de l’Arrêté du gouvernement wallon, le 17-07-03
  2. Extraits de l’Etude du groupe IBH – Cadet, juin 2002, sur les déchets en Région wallonne
  3. copie du site Web P.E.M.H.
  4. communiqué presse FORET du 27-11-03
  5. extrait du Plan stratégique ITRADEC
  6. extrait du Plan stratégique IPALLE
  7. extrait du rapport ADEME, mars 2002